Interview alumni : Coline BRENIER, monitrice éducatrice en foyer d’hébergement.

Découvrez Coline BRENIER, monitrice éducatrice en foyer d’hébergement. À 25 ans, elle nous partage son parcours, ses missions et les défis qu’elle rencontre au quotidien. De ses études en économie sociale et familiale à son engagement dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap, elle revient sur son évolution.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m'appelle Coline, j'ai 25 ans. J’ai passé un brevet, puis un bac pro accompagnement, soins et services à la personne, suivi d’un BTS économie sociale et familiale. Ensuite, j’ai directement enchaîné avec le diplôme d'État de monitrice éducatrice. Côté expérience professionnelle, j’ai travaillé lors de séjours adaptés avec l'ADAPEI 26 en tant qu’animatrice. J’ai également réalisé plusieurs stages, notamment en EHPAD et en crèche pendant mon bac pro, puis avec des personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, je suis monitrice éducatrice dans un foyer d'hébergement pour personnes en situation de handicap.
J’ai aussi réalisé une mission humanitaire dans le cadre du Corps Européen de Solidarité. Je suis partie deux semaines au Portugal avec un groupe de 7-8 personnes pour rénover les murs d’une cantine scolaire sur le thème de l’équilibre alimentaire. Nous avons aussi eu des moments d’échange, notamment en dansant avec des personnes en situation de handicap. C’était une belle expérience, enrichissante et formatrice.
En quoi consiste votre métier actuel ? Pouvez-vous nous décrire une journée type et vos missions principales ?
Alors, une journée type commence dès 7h du matin. À mon arrivée, je fais le relais avec les collègues de nuit. Ensuite, nous nous occupons du réveil des résidents. Comme ils sont autonomes, ils se lèvent et s’habillent seuls, mais nous sommes là pour nous assurer que tout se passe bien. Le petit-déjeuner s’étale jusqu’à environ 8h15, car à partir de cette heure, ils partent travailler en ESAT (Établissement et Service d'Aide par le Travail). Nous vérifions aussi qu’ils prennent bien leur traitement, si nécessaire.
Une fois les résidents partis, nous avons un temps administratif pour répondre aux mails et avancer sur des dossiers ou des projets. À 9h30, nous avons des réunions pour organiser la journée et les activités sportives ou culturelles du soir.
L’après-midi, les résidents rentrent progressivement à partir de 16h15. Certains ont des rendez-vous médicaux dans la journée, nous les accompagnons, nous gérons ces rendez-vous pour eux. C’est un moment un peu chronométré, surtout les lundis et jeudis où nous devons les accompagner aux différentes activités comme le ping-pong, la danse, le foot ou encore le cirque. Le mardi, il y a la piscine et le soutien scolaire.
Le soir, vers 18h30-19h, tout le monde rentre dans son foyer pour le dîner. À 20h, nous faisons un relais avec l’éducateur qui termine son service, puis nous accompagnons les résidents jusqu’au coucher. Certains ont des craintes, notamment liées à la nuit, donc nous sommes là pour les rassurer. Enfin, à 22h, nous passons le relais au veilleur de nuit.
Comment créez-vous du lien avec les résidents ?
À mon arrivée, j’ai préféré ne pas lire les dossiers des résidents. Cela m'a permis de m’adapter à eux directement et de les découvrir petit à petit. Le lien se construit progressivement, et ils doivent se sentir en confiance. Nous devons prendre le temps d’échanger avec eux au quotidien, même sur des petites choses comme leur journée, leurs goûts ou leurs préoccupations. Les activités jouent aussi un grand rôle. Quand on partage des moments en dehors du cadre strictement éducatif, comme une partie de ping-pong, un atelier cuisine ou une sortie, ça permet d’instaurer une relation plus naturelle et détendue. Il y a aussi l’importance de la régularité et de la cohérence dans notre accompagnement. Les résidents ont besoin de repères, donc le fait d’être présent, d’être à l’écoute et de respecter leurs besoins et leur rythme, ça crée une relation de confiance.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans votre métier ?
Le plus grand, selon moi, c’est la communication. Il faut faire très attention à la transmission des informations. On pense avoir bien communiqué quelque chose, mais la personne en face peut l’interpréter différemment. Cela peut créer des quiproquos, donc il faut être très vigilant. Ensuite, il y a la gestion de la traçabilité des informations. Tout doit être noté, car à l’oral, ça n’a pas vraiment de valeur officielle. Par exemple, si un résident est angoissé face à une situation, il est conseillé de l’écrire pour que les collègues puissent en être informés.
Un autre défi personnel est que j’ai 25 ans, et certains résidents ont le même âge que moi. Cela peut être délicat dans certaines situations, surtout lorsqu’il faut les recadrer. Ils peuvent avoir du mal à accepter mes remarques, car ils me voient comme une "égale". Heureusement, je peux compter sur mes collègues. Parfois, le même message dit par une autre personne passe mieux.
Qu’est-ce qui vous motive dans ce métier malgré ces défis ?
Ce qui me motive, c’est l’humain avant tout. Le contact avec les résidents, les voir évoluer, progresser dans leur autonomie, c’est gratifiant. Il y a aussi une grande diversité dans les tâches, donc on ne s’ennuie jamais. Ce métier apporte aussi beaucoup sur le plan personnel. Il pousse à la remise en question, au développement de compétences relationnelles et à une grande capacité d’adaptation.
Avez-vous une anecdote marquante à partager ?
Un jour, l’un des résidents devait aller à son activité sportive, mais il a essayé d’éviter d’y aller. Un jour où je n’étais pas là, il n’y est pas allé, en profitant du fait que mes collègues ne le connaissaient pas aussi bien que moi. Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu en rigolant qu’il avait "tenté le coup". C’est un bon exemple de la complexité des relations avec les résidents. Ils testent les limites, comme tout le monde, et il faut savoir les accompagner avec bienveillance tout en posant un cadre clair.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite exercer votre métier ?
Je lui dirais d’être patient, adaptable et d’avoir un bon sens de l’écoute. C’est un métier qui demande de l’investissement, mais qui est aussi très enrichissant humainement. Il faut aussi être prêt à travailler en équipe, car on ne peut pas tout gérer seul. La communication avec les collègues est essentielle pour le bon fonctionnement du foyer et pour garantir un accompagnement de qualité aux résidents.