Interview alumni : Charline ROUCHON, conseillère en économie sociale familiale.

Interview alumni : Charline ROUCHON, conseillère en économie sociale familiale.

Dans cette interview, découvrez Charline ROUCHON, conseillère en économie sociale familiale. Avec 13 années d’expérience auprès des demandeurs d’asile et plus d’un an au sein du service de la protection de l’enfance, elle partage avec nous son parcours, ses missions et les défis qu’elle rencontre au quotidien. À travers son témoignage, elle nous parle de son métier, où accompagnement, écoute et bienveillance sont au cœur des interventions.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m'appelle Charline ROUCHON, j'ai 36 ans et je suis conseillère en économie sociale familiale. J'ai travaillé pendant 13 ans au sein d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile. Depuis un peu plus d'un an, je travaille au service de la protection de l'enfance au département de l'Ardèche.

En quoi consiste votre métier de conseillère en économie sociale familiale ? 

C’est un métier de travail social. On peut être amené à occuper des postes similaires à ceux d'éducateurs spécialisés ou d'assistants de service social. Nous accompagnons différents publics en les aidant dans leur vie quotidienne et leurs démarches administratives. Nous nous adaptons à leurs besoins spécifiques.

Quelles sont les différences entre les deux métiers que vous avez exercés ?

Les demandeurs d'asile sont des personnes étrangères, ce qui pose déjà la barrière de la langue, car la plupart ne parlent pas français. J'intervenais dans un établissement collectif, où nous les voyions quotidiennement. Ils étaient logés dans le même immeuble que nos bureaux, ce qui permettait un accompagnement de proximité. Notre mission était de leur expliquer le fonctionnement des administrations françaises, puis de progressivement les rendre autonomes.

Nous avions cinq missions principales : 

  • L'accueil et l'hébergement, 

  • L'accompagnement social et médical, 

  • L’accompagnement administratif et juridique, 

  • La scolarisation des enfants, 

  • Et enfin la gestion de leur sortie du centre, qu'ils obtiennent ou non l'asile. 

Nous travaillions également en partenariat avec des associations, des interprètes et des avocats. 

En protection de l’enfance, l’accompagnement est différent. Nous intervenons à la demande des familles ou bien à la demande du juge des enfants.

Nous mettons en œuvre des mesures :

  • D’aide éducative à domicile pour les mineurs

  • Des mesures d’assistance éducative en milieu ouvert

  • Les évaluations en protection de l’enfance

  • L’accompagnement des mineurs chez un tiers digne de confiance

  • L’accompagnement des jeunes majeurs

  • L’évaluation en binôme en vue de délivrer des agréments aux familles d’accueil.

Nous voyons les familles moins fréquemment, en moyenne une fois toutes les trois semaines, et nous intervenons à domicile à la demande d'un juge ou des familles elles-mêmes. Notre rôle est d'apporter un soutien à la parentalité et d'accompagner les parents dans leurs difficultés éducatives.

Quelles sont les qualités principales pour exercer ce métier ?

L'empathie, l'écoute et la bienveillance sont essentielles. Il faut aussi avoir des qualités rédactionnelles, notamment en protection de l'enfance, car nous devons rédiger des rapports destinés aux juges des enfants.

Quel a été votre plus grand challenge professionnel ?

Réussir à prendre du recul par rapport aux situations. Nous travaillons avec des humains, et l'émotion est souvent présente. Avec les demandeurs d'asile, nous ne décidons pas de leur sort, et il arrive que des personnes en danger se voient refuser l'asile. Il est difficile de rester à distance, mais c'est nécessaire pour faire correctement notre travail.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

Je ne connaissais pas du tout le BTS en économie sociale familiale avant de m'y inscrire. J'avais une sœur assistante sociale, et j'étais attirée par le domaine du social sans savoir exactement quel métier choisir. En intégrant le BTS, j'ai effectué mon premier stage dans une plateforme de redynamisation socioprofessionnelle pour allocataires du RMI (devenu RSA). Mon second stage était dans un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, qui m'a embauchée par la suite.

Continuez-vous à vous former ?

Oui, en permanence. Quand je travaillais avec les demandeurs d'asile, je me tenais informée des actualités géopolitiques. Maintenant, en protection de l'enfance, je me forme sur les écrits professionnels, la gestion des conflits, le harcèlement scolaire, la santé mentale, etc. La formation continue est essentielle dans notre métier.

Avez-vous un conseil pour les jeunes qui souhaitent exercer ce métier ?

Savoir s'écouter et suivre son instinct. Parfois, on ressent des choses qui ne s'expliquent pas et il est important de faire confiance à son intuition lorsqu'on accompagne des personnes.

Articles pouvant également vous intéresser